Bien que de forme assez standard, l’élaboration d’un plan de financement nécessite souvent l’intervention d’un professionnel. Les usages, les proportions à respecter, les aides financières possibles et les critères d’attribution pour chacune d’elle requièrent généralement une pratique d’expérience, ainsi qu'un respect dans la chronologie de leurs interventions.
Cependant, par l’intermédiaire d’un exemple, nous vous proposons de découvrir comment le plan de financement s’intègre dans un prévisionnel et quelles sont les stratégies possibles pour y intégrer les aides.
Exemple de plan financement pour reprendre un commerce avec des aides
Considérez un fonds de commerce vendu 200 000 €, matériel compris. Pour la réalisation de la vente, ajoutez 25 000 € englobant les honoraires juridiques pour la rédaction des actes, les frais d’agence, la fiscalité supportée par le repreneur (les droits de mutations), et les frais d’établissement, c’est-à-dire l’inscription au registre du commerce ou au répertoire des métiers. Il faut ensuite compter le stock, que vous retrouverez dans la partie « actif » du bilan et qui est toujours négocié en marge du fonds – ici 8 000 €. Complétez encore par 7 000 € pour des travaux de rafraichissement ou des petits investissements puis 10 000 € de trésorerie pour financer les premières dépenses comme le loyer, la caution, les abonnements gaz/électricité/téléphone, l’assurance, le fonds de caisse … etc. Nous obtenons au final un plan d’investissement global de 250 000 €.
Pour financer ce rachat vous apportez 75 000 € de fonds propres. Il est très important que l’apport personnel se matérialise par une somme d’argent dont vous disposez et que vous n’avez pas à rembourser. Autrement dit l’épargne, les indemnités de licenciement, l’aide ARCE de Pôle Emploi ou bien un don familial constituent bien des fonds propres, mais surtout pas un crédit à la consommation ! Enfin vous sollicitez un prêt bancaire de 175 000 €, généralement accordé sur 7 ans. Vous obtenez alors un plan d’investissement assez équilibré avec 30 % d’apport personnel pour 70 % d’emprunt, constituant une base saine pour demander un complément d’aides.
Si vous êtes demandeur d’emploi indemnisé, vous pouvez tenir compte de l’aide ARCE de Pôle Emploi, qui peut constituer votre apport personnel ou bien le compléter s’il s’avère insuffisant. Attention, ne confondez pas cette aide avec l’ACRE qui est une exonération de cotisations sociales et qui apparaitra dans un autre tableau du prévisionnel comptable. L’ARCE du Pôle Emploi est une forme de subvention versée en 2 fois : la moitié à la constitution de l’entreprise, l’autre moitié six mois plus tard. Par exemple, votre apport personnel peut très bien se constituer de 60 000 € d’épargne + deux fois 7 500 € de versement ARCE (soit 15 000 €). Si vous êtes bénéficiaire de cette aide, il est alors possible de négocier avec le banquier une sorte d’avance sur vos fonds propres que vous rembourserez ensuite dès que vous aurez perçu la subvention. Il faut obtenir la possibilité d’un remboursement anticipé et sans pénalité.
La seconde forme d’aide la plus courante est appelée prêt d’honneur. Elle est délivrée par des associations locales, des collectivités et même par des entreprises privées. Il s’agit le plus souvent d’un prêt personnel à 0%, sans caution, échelonné sur 3 à 5 ans avec parfois un différé de paiement. Ce prêt sert à doper vos apports et il est considéré comme du quasi fonds propres. Son montant varie d’un projet à l’autre mais nous prendrons ici un exemple moyen de 20 000 €. En insérant cette somme dans le plan de financement, vous réduisez d’autant votre prêt bancaire. Vous arrivez ainsi à 60 000 + 15 000 + 20 000 = 95 000 €, soit 38% de fonds propres et quasi fonds propres. C’est un excellent ratio. Votre banquier l’apprécie d’autant puisqu’en prêtant moins, il diminue sa part de risque. Il se rassure aussi car si d’autres organismes vous financent, votre projet lui semble encore plus crédible. Cependant, le cumul de ces aides n’est pas toujours destiné à réduire le prêt bancaire et il existe plusieurs approches pour justifier la participation d’un fonds. Compte tenu des différentes aides existantes et de la multitude de leurs critères, rapprochez-vous d’un professionnel avisé pour optimiser votre plan de financement. Notre agence fournit en exclusivité à ses clients des conseils expérimentés pour ces démarches.
D’autres formes d’aides financières possibles
Un autre montage parfois constaté est le financement du stock par un crédit vendeur. Cela signifie que c’est le cédant lui-même qui vous aide en vous accordant un prêt sur la marchandise. Dans notre exemple, le dirigeant vous avance 8 000 € de stock et vous le remboursez ensuite comme s’il était une banque, généralement sur 3 à 6 mois. L’implication du cédant et la diminution du prêt bancaire qui en découle, facilitent encore la réalisation du projet.
Notez aussi que sur votre prêt, la banque adossera presque systématiquement une caution de 50% à 70% généralement livrée par BPI France, la SIAGI ou la SOCAMA. C’est une sorte d’assurance qui prend en charge le remboursement d’une partie de l’emprunt en cas de défaillance de l’entreprise. Cette aide vient limiter votre prise de risque personnelle.
D’une façon générale, avant de solliciter une aide, préparez un business plan complet identique à celui que vous présenterez à la banque. Pour cela, faites-vous accompagner par un professionnel. Il vous conduira à respecter certains usages comme par exemple celui d’éviter de faire apparaitre les aides dans votre prévisionnel, avant même de les avoir demandées et obtenues !
Enfin, si vous souhaitez entreprendre mais que vous ne disposez au départ que d’une très faible mise de fonds, l’option de la location gérance d’un fonds de commerce peut s’avérer intéressante. Même si cette solution ne permet pas de recueillir autant d’aides que pour un véritable rachat de fonds de commerce, elle permet de se mettre à son compte avec des moyens financiers plus modestes.